Nathan
26.6.1999 - 27.6.1999
Quand j'ai découvert que j'étais enceinte, j'ai été très excitée. Peu après, mes deux belles-soeurs ont découvert
qu'elles aussi attendaient de la famille. Comme c'était excitant: nous aurions trois nouveaux bébés pour Noël.
Nous avions tellement de joie à comparer nos situations.
A 18 semaines, mon mari et moi sommes allés à notre premier échographie, espérant découvrir le sexe de notre bébé.
Nous avions perdu notre premier bébé à 12 semaines à cause d'une fausse-couche. Notre deuxième enfant, Haley, âgée de
3 ans, était et a toujours été en bonne santé. Nous étions donc sûrs que nous n'avions aucune raison de nous inquiéter
pour la santé de notre enfant à naître, pas vrai?
J'ai su que quelque chose n'allait pas quand l'infirmière est allée chercher le docteur. Il était très amical mais ne
disait rien alors qu'il était en train d'étudier l'échographie. Bien que le docteur ne paraisse pas inquiet,
l'infirmière, elle, l'était. Il regardait la tête du bébé. J'ai demandé: "est-ce que tout va bien?" Elle dit,
doucement, "je serai là pour vous soutenir". J'ai su que c'était grave. Mon mari, Doug, est entré. Je pleurais comme
hystérique et étais si surprise que je ne pouvais pas parler. Doug essayait de me calmer. L'infirmière est revenue
avec une boîte de Kleenex et a dit: "le docteur vous attend dans son bureau pour parler avec vous".
Nous ne savions toujours pas si notre bébé était une fille ou un garçon.
Nous étions bouleversés et dans un état de choc. Mais nous avaions toujours
l'éspoir qu'on pouvait y remédier par chirurgie ou faire quelque chose.
Nous ne pensions pas que notre bébé pourrait mourir.
J'ai essayé de rassembler mes esprits, mais tout ce dont j'étais capable
était de pleurer. Notre docteur s'est assis avec nous, les larmes aux yeux,
et a dit: "je suis désolé mais votre bébé va mourir". Nous étions choqués
et paralysés. Il nous a expliqué que notre bébé avait un défaut fatal,
appelé anencéphalie, ce qui signifie que l'enveloppe du cerveau
ne se referme pas complètement et que le cerveau est incapable de
se développer. J'ai demandé comment il pouvait quand même vivre.
Il m'a expliqué que le bébé survivais grâce à moi. J'étais le fil
de sa vie.
Il nous a ensuite donné deux options: mettre un terme à la grossesse
maintenant ou aller jusqu'au terme et laisser la nature suivre son cours.
Nous étions très embrouillés. Nous n'avions même jamais entendu parler
d'anencéphalie avant. Nous sommes partis, comme paralysés, ne sachant
toujours pas si notre bébé était un garçon ou une fille.
Ce soir-là, le docteur a appelé. Il nous a informé que notre bébé
était un garçon. Notre premier fils. Peu après, nous avons choisi
son nom: Nathan Douglas. Nous avons prié que Dieu détermine le
futur de notre enfant et pas nous. Nous savions que ce n'était
pas à nous de gérer cela. Nous avons demandé à Dieu la force
et la sagesse d'affronter les jours qui allaient venir.
Nous devions maintenant décider quel chemin serait le juste pour
nous. Nous avons tout recherché. J'ai appelé toutes les personnes
auxquelles j'ai pu penser: l'Anencephaly Support Foundation,
March of Dimes, et ai même été sur Internet pour trouver des
informations. Comment cela pouvait-il se produire?
Doug a assez bien géré la situation, jusqu'à ce que nous devions
l'annoncer à Haley. Nous lui avons dit que son petit frère était
malade et allait mourir. Elle savait que la tête de Nathan était
cassée et qu'il était très malade. Elle savait que Jésus allait
le prendre au ciel bientôt.
Quelques jours plus tard, nous avons dit à notre docteur que nous
continuerions la grossesse. Notre docteur a été soulagé par notre
décision. Nous avons appelé notre famille pour leur demander leur
soutien. Dieu nous avait choisis pour être ses parents pour une
bonne raison. Nous allions faire tout ce que nous pourrions pour lui.
Nathan saurait que nous ne l'avions pas abandonné et qu'il aurait
une maison sûre et heureuse quelles que soient les circonstances.
Il était vraiment un don de Dieu.
Je ne voulais pas le dire à mes belles-soeurs; j'avais peur qu'elles
puissent penser que ça pourrait aussi leur arriver à elles. Je priais
pour que leurs bébés soient en bonne santé. C'était dur d'être
heureuse pour elles en sachant que mon bébé allait mourir. Je ne
voulais pas leur enlever leur joie. C'était difficile de cacher
mes vrais sentiments. J'étais jalouse de savoir qu'elles auraient
des garçons en bonne santé et je me sentais coupable de mes sentiments.
Les gens étaient choqués de notre décision. Ils disaient: "Il va
mourir de toute façon, terminez-en et allez de l'avant" ou
"ce n'est pas une vrai personne s'il n'a pas de cerveau". Ces
expressions étaient tellement blessantes. Nous savions ce qui
était juste pour Nathan et nous. Ils n'avaient aucune idée de
ce que nous traversions. Ils pensaient juste être utiles.
Je sais maintenant qu'ils ne comprenaient simplement pas.
C'est la peine la plus dévastatrice qui va profondément dans
votre coeur et votre âme. Il s disent que ça va devenir
plus facile. Je l'espère. J'ai travaillé dur pour amener
Nathan dans ce monde. Je lui ai donné la vie pour un court
moment, mais Dieu lui donnera la vie éternelle.
C'était si dur d'être heureuse et de faire mes tâches
quotidiennes. Je n'avais pas d'énergie. Je me sentais comme
paralysée par rapport au monde, comme si je marchais dans
les chaussures de quelqu'un d'autre. Mon monde s'assombrissait
autour de moi. Des gens priaient pour un miracle, ne réalisant
pas que je croyais que Nathan était déjà notre miracle.
Je crois que Dieu ne vous donne pas plus que ce que vous
être capables de gérer, mais c'était beaucoup à avaler.
J'étais sans puissance, sans aide, frustrée. Je ne pouvais
que m'asseoir et pleurer mon fils.
26 juin 1999, le jour était venu de provoquer l'accouchement.
Nous étions remplis de sentiments partagés. Nous etions
contents d'enfin pouvoir rencontrer notre fils, et tristes
de savoir que la fin était proche. Nous priions pour qu'il
naisse vivant. Je voulais une chance de lui dire bonjour
avant de devoir lui dire au revoir pour toujours. Nous avions
demandé à ma mère d'être dans la chambre pour le baptiser,
ce qui était très important pour nous.
A 19h44, Nathan est venu au monde et a rencontré sa maman
et son papa. Dès qu'il est né, il a poussé un énorme cri. Il
était en vie!
Nous étions choqués, mais extrêmement contents. Notre famille
était à l'extérieur de la pièce et est venue en courant après
avoir entendu son cri. Ils étaient débordant de joie. Il y avait
beaucoup d'embrassades et de pleurs. Nous étions si contents et
submergés par la joie, mais nous savions qu'il pouvait mourir
à chaque instant. Il pesait 2330 g et mesurait 43cm. Il avait
des tonnes de cheveux noirs. Nathan était simplement parfait !
Nous avons pu prendre notre fils à la maison quelques heures
après sa naissance. Nous n'y étions pas préparés. Je n'avais pas
fait de chambre pour lui, acheté d'habits, ni de langes. Rien
n'était prêt. Nous avions plus préparé sa mort. Quand il est
arrivé à la maison, tout était décoré avec des ballons et des
bannières. Des amis et de la famille étaient là pour nous
féliciter et nous accueillir. C'était vraiment bouleversant.
C'était comme une expérience de voyage extracorporel.
Nathan s'affaiblissait vers la fin. Son souffle était très timide.
Le 27 juin 1999, à 20h46, juste 25 heures et deux merveilleuses
minutes après sa naissance, Nathan m'a regardée, a pris sa dernière
respiration et est paisiblement allé au ciel pour y être notre
précieux bébé ange.
Je chérirai ce moment pour toujours. Il est mort exactement de
la manière que j'avais projetée. J'étais en train de le bercer
dans le même fauteuil que j'avais bercé et allaité ma fille.
Mon mari était agenouillé à côté de moi et ma maman était de l'autre
côté. Nous avions prié alors que nous lui faisions tous nos au
revoirs. Ca a été le moment le plus poignant de ma vie,
que mon fils meure dans mes bras.
Je pense à tous les autres bébés qui sont mort trop tôt.
Je pense aux autres parents qui souffrent. C'est une tristesse
comme aucune autre. Nous, en tant que parents, sommes abandonnés
à nous demander "pourquoi cela". Nos rêves sont assombris de
ce qui aurait pu être. Quand vous tombez enceinte, vous avez
tous ces espoirs et ces rêves pour vos enfants, et quand ils
meurent, vous restez remplis de tant d'inquiétudes et d'une
douleur indescriptible. Seuls ceux qui ont perdu un enfant
peuvent comprendre cette peine. Ma poitrine me fait mal de ne
pas pouvoir nourrir mon fils. Mes bras souffrent de ne pas
pouvoir le tenir.
Ecrire ces mots fait partie de ma guérison. Je veux me rappeler
chaque détail pour toujours. Haley a juste trois ans et comprend
que sa maman pleure beaucoup. Si vous lui demandez où est son
frère, elle montre le ciel du doigt. Je veux qu'elle sache ce
que nous avons gagné grâce à Nathan.
Doug et moi sommes plus proches que jamais. Nous apprécions la
vie et accordons beaucoup de valeur à notre relation. Nous avons
appris que la vie est très courte et que nous avons besoin de
partager nos émotions et notre amour pour les autres. Que chaque
vie est un don précieux. Nous parlons de Nathan, sans renier sa
mort, mais en proclamant sa vie, apprenant à vivre avec son absence.
Nous avons appris à ne rien considérer comme dû et à ne pas avoir
de regrets.
Mon mari a été si fort. Je sais qu'il pleure mais ne veut pas que
je le voie. Nous avons pris notre décision ensemble. Je suis heureuse
que nous ayons eu la force de prendre position pour ce qui est juste.
Nous avons la paix dans nos coeurs, sachant que nous avons fait
la bonne chose. Nathan valait toutes les pleurs et les peines par lesquelles nous
allons passer. Sa mémoire brûlera dans nos coeurs et nos âmes pour toujours.
Je suis heureuse d'avoir eu du temps pour me préparer à la mort de Nathan.
J'ai pu prendre des photos et des vidéos. Nous avons moulé ses empruntes
de pieds. Je fais un album de souvenirs et un journal de mes pensées.
Je ressens beaucoup de paix dans mon coeur quand j'écris. Ca me donne
du réconfort de lire les mots d'encouragement de ma famille, de mes
amis et même d'étrangers.
Ce n'était absolument pas naturel d'avoir à planifier les funérailles
de notre fils qui n'était pas encore né. J'étais contente d'avoir 18
semaines pour m'y préparer. Je voulais en faire le plus merveilleux
adieu pour notre précieux Nathan. Nous avions décidé que nous ne
voulions pas un cercueil traditionnel et avons choisi quelque chose qui avait
une signification pour nous. Un couffin recouvert d'un ruban Battenberg,
des noeuds et des fleurs, qui ont bercé notre enfant pendant ses
funérailles. Son enterrement a été précieux, pur et paisible.
J'espère que cette lettre donnera de l'assurance aux gens que tous
les bébés méritent notre amour.
Dieu avait besoin d'un ange dans les cieux
Pour se tenir aux pieds du Sauveur;
Son choix devait se porter sur le plus rare
Le lis pur et doux
Il a regardé par dessus la foule puissante
Et s'est ensuite arrêté pour cueillir le meilleur
Notre Nathan était son choix
Avec Jésus il se repose maintenant
Dieu vous bénisse,
Kim et Doug Higgins
Site Internet en anglais avec possibilité de
contacter les parents
Dernière mise à jour de cette page: 16.02.2019